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La moraline

30 décembre 2012

C'est quoi?

La moraline : Frédéric Nietzsche faisait la différence entre la morale, celle des Grecs, celle qui provient d'une éthique, d'une réflexion personnelle, d'exigences à son propre égard, et la moraline, forme dégradée de la première par le judéo-christianisme...
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9 décembre 2013

Le je ne sais quoi... (suite)

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L’air est lourd de l’ersatz de pseudos mélodies crachées par la radio et de l’odeur âcre de la marijuana.

Les pensées de Lydia flottent au milieu d’un étonnant défilé de sensations. L’herbe y-est sans conteste pour quelque chose, mais les paroles de Sophia ne sont pas en reste dans l’étrange alchimie qui envahit son corps.

Elle laisse tranquillement courir son esprit sur un tas d’images qui lui apparaissent comme sortant d’un épais brouillard. L’idée de maitriser un homme n’est pas pour lui déplaire, enfin, elle se plait à y croire…

Prisca, elle, est enfoncée dans une torpeur qui n’oblitère pas le souvenir qu’elle garde de ses caresses solitaires, ni des flirts un peu poussés qu’elle a eus avec des garçons entreprenants. Vautrée sur le canapé, elle se surprend à éprouver une drôle de sensation au niveau de son entre-jambes. Instinctivement, elle pose sa main sur le haut de sa cuisse droite et se ravise.

- « Lydia, t’aurais pas une couverture ? J’ai un peu froid. » Demande-t-elle à sa cousine qu’elle tire du brouillard.

 Sans prendre soin de lui répondre, la blondinette se dirige vers sa chambre afin d’y trouver un plaid.  De retour au salon, elle couvre Prisca avec soin. Celle-ci la remercie d’un sourire tout en plaçant une de ses mains au niveau de son sexe. Le plus discrètement possible, elle effectue une légère pression entre le tissu de son legging et sa culotte afin de trouver le haut du sillon. Ça y est. Le majeur se pose instinctivement au milieu des deux grandes lèvres. Doucement, tout doucement, elle exerce un va-et-vient, juste ce qu’il faut pour éveiller son petit bouton.

Sofia complète son argumentaire :

 - « Je sais pas vous, mais moi l’idée de dominer un mec, ça m’agite les neurones ! Vous vous imaginez humilier un type qui vous paye en plus pour ça ? Le traiter comme un chien, lui demander de se mettre à poil, de se branler ! »

 - …

 - « Vous savez, quant ma copine m’a raconté ce que Sylvie, c’est le nom de celle qui a tout expliqué à ma pote, a fait lors de certaines de ses rencontres, j’vous jure, ça m’a presque excité. » Poursuit-elle.

 Elle est surprise par ce qu’elle vient « d’avouer ». Effectivement, son amie avait un don pour raconter ses rencontres tarifées. Sofia toute à son écoute, se laissait embarquer dans les récits de celle-ci. Les détails croustillants ne manquaient pas dans la description de certains clients, qui il faut bien le reconnaître, n’avaient rien pour eux. Mais dans plusieurs de ces narrations, un doux sentiment de curiosité, d’étonnement et de voyeurisme titillait sa libido.

 Lydia tout en repliant une jambe sous elle rebondit sur les paroles de Sofia :

 - « Tu te vois organiser une séance ? Tu serais excitée ? »

 - « Ben je pense, comme l’a dit Sylvie, qu’il y a des fois où tu dois résister un peu à la tentation d’aller un peu plus loin avec certains mecs. Mais bon, en général, ils ont rien d’excitant et d’après elle, la pluparts seraient même pas ragoutants du tout. Et puis il y a l’argent, c’est excitant de gagner du fric en faisant si peu. »

 - « Si peu, si peu, quant même. Tu parles de mettre un doigt dans le fion d’un mec de cinquante piges, de lui pincer les tétons… » Enchérit Prisa toute à sa petite affaire.

 - « D’accord, mais tu fais pas cela n’importe comment. Si le type il veut que tu le doigtes, tu dois avoir un minimum de matos. Il te faut des gants et du lubrifiant. S’il est crade, tu refuses directe ! Tu peux aussi lui faire avec des godes. Ils aiment ça, il paraît. Et puis n’oublie pas, ils sont super excités ! » Affirme Sofia.

 - « Mouai » ajoute Prisca « mais c’est quoi balbutruc et fessemachin ? Parce que je me doute qu’ils demandent des tas de trucs ! »

 - « Oui, ils demandent des trucs crades genre scato et même zoophilie ! Mais là, tu fais comme tu veux, mais moi j’y pense même pas, c’est non direct ! Le facesitting c’est quand la fille s’assoit sur le visage du mec. Elle gigote son cul et elle le soulève de temps en temps pour qu’il puisse respirer. » Explique Sofia.

 - « Oui ben ça c’est pas question qu’il pose sa face sur mes fesses ! » S’empresse d’ajouter Prisca.

 - « Ben c’est pareil, t’es pas obligée de le faire. Ou tu gardes ton slip au pire. » Enchaine Sofia.

 - « Et le balbu… comment tu dis déjà ? » Interroge Prisca.

 - « Ben c’est simple, le mec y te d’mande de lui donner des coups de pieds dans les couilles. » Répond Sofia.

 - « Euh, mais ça doit faire super mal ce truc ! » S’inquiète Lydia.

 - « Bien sûr que ça fait mal, mais attention, il faut y aller doucement au début. Vraiment doucement du style tu tapotes du bout du pied ses couilles. C’est dangereux pour le mec ce truc-là. Faut pas le mettre KO, parce qu’après tes dans la merde. Il faut lui demander s’il veut plus fort ou moins fort. Tu te fais guider par lui. Et puis il y a d’autres choses ! Ceux qui aiment les pieds. Ils te lèchent les chaussures, les chaussettes et en même temps ils se branlent. Tu n’as rien à faire ! Ça, ça me plait bien. » Se surprend à dire Sofia.

 Le « tu n’as rien à faire » s’impose à la raison des cousines. Prisca aime bien ne rien faire et l’idée de se remplir les poches en ne faisant pas grand-chose lui apparaît soudainement comme un argument à prendre en considération. Lydia, quant à elle, ajoute une considération supplémentaire, celle de dominer son prochain, notamment s’il n’est pas du même genre qu’elle. Une certaine notion de plaisir associé à celle d’un enrichissement est loin de lui déplaire.

 Une ambiance particulière règne dans la pièce. Un garçon se délecte à travers le haut-parleur de qualifier la gent féminine de simple objet de consommation. Mais les trois filles ne sont pas présentes à ce que raconte ce Don Juan des temps modernes… Chacune se projette dans des scénarios plus ou moins élaborés. L’idée de regarder des hommes se masturber n’en laisse aucune indifférente. L’image d’un sexe masculin érigé se mélange à celle de billets rejoignant leur escarcelle. De légers sourires marquent leur visage. Prisca enfonce un peu plus son index dans la fente qui s’entre ouvre sous l’effet de la pression.

Sofia semble avoir trouvé le « je-ne-sais-quoi » qui lui manquait il y a quelques instants. Tout se résume pour elle maintenant à une notion de plaisir liée à une odeur d’argent et de sexe. L’intérêt que semblent porter les deux filles la fait doucement basculer vers l’idée de tenter l’expérience. Mais pour cela, elle a encore besoin de ses auditrices afin de consolider sa prise de décision.

 

15 novembre 2013

Par un après midi humide (suite)

En ce milieu d’après-midi, une froide bruine entoure les bâtiments plantés d’une façon géométrique, au plus pratique et sans soucis d’esthétique.

À quoi bon s’en être soucier ?

La grande baie vitrée laisse filtrer une lumière blafarde qui semble se préoccuper d’être au diapason avec l’idée que l’on se fait en générale de la banlieue.

Dans le salon, les meubles récupérés de différentes successions se mélangent à d’autres, achetés dans de grandes enseignes spécialisées dans la vente de mobiliers qui ne prend pas le temps de vieillir. Le sol est d’origine. Des petits carrés de lamelles de chêne ayant gardé les nombreux stigmates des locataires précédents recouvrent la dalle de béton.

Lydia augmente le volume déjà élevé du modeste appareil qui a bien du mal à restituer un son d’une qualité honorable. Peut-être que lui aussi souhaite être au plus près de la réalité du moment. Un rap à la mode envahit l‘espace. Un adolescent se lamente sur son existence avec une voix respectant sans se forcer, l’accent que l’on se doit d’avoir lorsque ses parents n’ont pas eu l’idée de faire partie de la grande bourgeoisie (qui, il faut l’admettre, se trimballe aussi une manière de parler qui dépasse bien souvent la limite du soutenable. Comme quoi). Les filles reprennent en cœur le refrain, sans oublier d’appuyer celui-ci des gestes qui accompagnent et marquent la fin de chaque phrase.

Les bras se mettent alors en action, désignant un interlocuteur invisible, ils se mettent à bouger de manière saccadée en se pliants légèrement, les mains invectivant cet autre transparent, ce font menaçantes juste ce qu’il faut, histoire de se donner un genre pas trop commode. Le majeur et le médium tournés vers la paume de la main, l’ensemble est secoué, un peu comme si la personne voulait se débarrasser, d’un coup plus ou moins sec, d’une mouche indésirable. Une des filles se lève alors, tourne légèrement la tête et se donne un regard de rebelle. Elle achève sa parodie de la « bad girl » en pliant ostensiblement les genoux et en ramenant ses bras vers l’intérieur de son corps, les mains plates cette fois-ci, comme dans un combat de karaté. Son postérieur bien rebondi marque la cadence en se roulant de la droite vers la gauche, pour enchainer sur un rythme saccadé des hanches qui se portent de l’avant vers l’arrière. Elle marque des temps d’arrêt lorsque sa vulve devient le point central de la chorégraphie. Elle ne manque pas de souligner cette pose en caressant l’intérieur de ses cuisses, tout en effectuant une grimace à mi-chemin entre une figure menaçante et un rictus de contentement.

La plainte collective s’achève au bout des trois minutes trente-trois secondes qui régissent (plus ou moins) ce type de gémissement commercial. Une série d’annonces publicitaires hurle les mérites des derniers singles devant être coûte que coûte à la mode et les places de concert disponible pour venir voir et écouter l’icône du moment pour des milliers de jeunes.

Pendant que Prisca s’attelle à la fabrication du chichon demandé par sa cousine, Sophia débute ses explications. Elle y met la forme, histoire de ne pas choquer son auditoire. En fait, elle compte énormément sur les réactions des cousines. Dans une certaine mesure et sans trop se l’avouer, elle cherche à avoir leur assentiment. Les confidences de son amie l’ont troublée et elle éprouve le besoin de raconter cet événement.

- «  Ma copine vient juste d’avoir vingt ans. Il y a deux ans, elle a regardé une émission à la télé qui parlait des petites annonces que les gens mettent sur des sites. Ils vendent du matos, des maisons, plein de trucs. C’est un truc de ouf (fou) tellement sa marche. Alors, comme elle avait des bricoles qui lui servaient à rien, elle a fait plusieurs sites. C’est là qu’elle a découvert qu’il y avait des rubriques de rencontre. Elle a fouillé dedans et a essayé de comprendre ce que les filles cherchaient. »

- « Tiens, ton oinje (joint) est prêt. T’as plus qu’à l’allumer » dit Prisca à sa cousine en lui tendant l’objet.

Le volume de la conversation est élevé en raison du brouhaha que la radio émet.

- «  Elle s’est aperçue que très peu de filles recherchaient un mec pour faire sa vie avec. En fait, il y avait pas mal de nanas qui proposaient des massages et autres machins de ce genre. » Continue Sophia.

- « Putain, j’ai plus d’shit !» S’exclame Prisca.

- « Tiens, prends dans ma sacoche » s’empresse de répondre Sophia de peur de perdre l’attention de son petit auditoire.

La jeune fille brune se dépêche de répondre à l’invitation et se sert avec componction de l’hallucinogène.

- « Oui, alors elle finit par lire des annonces recherchant des soumis. » Reprends Sophia.

- « Tu veux que je t’en roule un ? » la coupe aussitôt Prisca.

- « Oui s’il te plaît. Sur les annonces, elle remarque qu’il y a des filles qui recherchent des mecs soumis. Les gonzesses proposent des services bien spécifiques et elles précisent qu’il n’y a pas de rapport sexuel. » Continue Sophia.

Tout en s’appliquant à rouler les cigarettes, Prisca ne perd pas une seule information. Lydia se risque à une question :

- « Ben alors qu’est-ce qu’elles proposent ? »

Lydia est une jeune fille de petite taille et ronde ce qui ne veux pas dire grosse. Ses jambes courtes avec des cuisses épaisses portent un fessier d’une forme prononcée très agréable au regard. Son ventre plat est surmonté d’une poitrine imposante et orgueilleuse sur laquelle les hommes se plaisent à poser leur regard. Son cou en harmonie avec la partie supérieure de son corps porte un joli visage. Des yeux en amande gris bleu le fendent de part et d’autre d’un nez aquilin qui descend sur des lèvres finement dessinées surplombant un petit menton. La couleur de ses cheveux est un mélange de blond foncé avec des touches de dégradé plus claires, l’ensemble coupé au carré. Elle se donne du mal pour paraître désirable. Plus jeune, l’obésité la plongeait dans la honte. Les regards l’enfermaient vivante dans sa carapace de graisse. Les enfants de son âge l’appelaient la tortue, parce qu’une fois tombée au sol, elle avait les plus grandes difficultés à se remettre debout, un peu comme le reptile une fois posé sur le dos. La comparaison s’établissait également sur la taille de ses jambes et le manque de rapidité dans ses déplacements. Aujourd’hui, son corps s’est transformé à force de travail.

- « Voilà. J’ai fait une liste des prestations qu’elle offre. Prisca, tu me passes mon sac ? »

Prisca qui en est à son cinquième bédo depuis le début de l‘après-midi accuse une légère torpeur. Ses petits yeux marron d’une incroyable finesse en témoignent de par cette expression si particulière au toxicomane qui débute son voyage. Elle tend l’objet à la cadette du groupe, mais son poids l’a fait légèrement choir et il termine sa course aux pieds de la conférencière.

Celle-ci plonge la main dans la poche en tissu et en ressorts un carnet. Elle l’ouvre et s’arrête sur une page écrite à l’encre violette.

- «  Bon, je vous lis : gode, insulte, humiliation, crachat, pincement des tétons, balbulsting, fessée, gifles, piétinement, facesiting, fétichisme des pieds et uro sous certaines conditions. Voilà. »

Le regard des deux cousines est totalement différent. Dans l’esprit quelque peu embrumé de Prisca, certains mots la laissent dans l’expectative, surtout ceux à consonance anglo-saxonne. D’autres comme fessée ou gifle la font sourire. Mais aucune des phrases prononcées par Sofia ne la laisse indifférente. Lydia pressent que quelque chose en elle mute. Quoi ? Elle n’en a pas l’ombre d’une idée.

- « Dis donc, t’es sérieuse là ? » Interroge Prisca ?

- « Ben oui ! J’te jure qu’elle propose tout ça ! » Confirme Sophia.

- « Mais elle trouve des mecs ? Et puis elle a appris où ? Et face-truc, balbu-machin c’est quoi ? Y-a un kemé (mec) là-dessous, c’est pas possible ? » Interroge Lydia.

- « Non, non, y-a pas d’mec ! Elle a regardé des films pornos de SM et elle a adapté à sa manière. L’idée géniale c’est qu’il n’y a pas de cul – jamais – sur la vie d’ma darone ! Les kemés sont trop cons. Ils sont excités comme un tas de puces à l’idée de se faire maltraiter par une jeune ! Ils bandent de se faire malmener et de payer pour ace (ça). Elle ne se déshabille même pas. À la limite elle se met en sous-tiffe (soutien-gorge) et seulement pour un ou deux habitués elle se met en culotte. C’est tout ! C’était un peu difficile au début, mais maintenant ça roule. » Affirme Sofia.

La toupie des pensées de Lydia est à plein régime. Depuis toute petite, elle se donne l’impression d’appartenir, en quelque sorte, au genre masculin. Peut-être est-ce dû au rejet et à la méchanceté des filles pendant une bonne quatorzaine d’années ? Le fait est, le goût du risque l’habite. Cette ordalie plus prégnante chez les garçons, anime sa manière d’être au monde. Casse coup, ne se laissant pas en raconter elle se montre capable de répondre physiquement au cas ou la parole ne jouerait pas son rôle de médiation. Paradoxalement, elle cajole son corps au maximum de ce qu’il peut lui rendre en terme de féminité. Et puis, à l’inverse de Prisca, elle n’est plus vierge depuis l’âge de 15 ans. Elle a vu le loup et son aboiement ne la pas fait fuir… bien au contraire.

- « Mais elle gagne combien ? » Demande-t-elle ?

« Alors, il faut savoir qu’elle continue ses études et qu’elle reçoit dans un studio qu’elle partage avec une colocataire. Ça lui permet de payer une partie du loyer entre autres. Elle fait une grave sélection dans ses clients. Au début, elle filtrait en fonction de ses critères, maintenant, comme elle dit : ‘’ je sens ceux qui vont être chiants’’. Je peux pas vous dire combien exactement elle se fait, mais elle m’a donné ses tarifs. Cinquante euros pour trente minutes et cent euros pour une heure. Elle gagne pas mal de tune en très peu de temps ! Sans forcer, elle m’a fait comprendre qu’elle peut gagner deux mille euros en une vingtaine de jours, c’est son minimum ! Surtout que maintenant elle a ses réguliers qui prennent des rendez-vous bien à l’avance… »

Prisca atteint progressivement un état de sérénité qui l’apaise des maux qui taraudent son rapport aux autres depuis toujours. Impulsive et à la limite de la paranoïa, elle ne souffre pas d’être prise pour une « baltringue » selon son expression. Les quatre cents coups, elle les a faits sans connaître François Truffaut. Ses parents divorcés n’ont jamais su comment faire avec elle. Bornée dans ses pensées, elle n’arrive pas ou très difficilement à entendre les conseils de ses proches. Sa sœur jumelle a cessé depuis longtemps de tenter de la canaliser. Peut-être que sa cousine arrive de temps à autre à lui faire prendre conscience de certaines choses. Est-ce leurs surcharges pondérales qui les ont rapprochées ? Le fait qu’aujourd’hui, à force de s’être encouragées mutuellement, elles aient atteint un objectif : celui de ressembler au plus près aux filles qui font la une des clips vidéos et des journaux à ragots ? La finesse de son esprit est loin d’être à l’image de celui de son corps, qui à bien y regarder, développe des courbes, qui font se retourner le péquin moyen, même si il est père de famille… Donc, Prisca est dans un de ces moments où l’activité de ses neurones, sous le coup des interférences de la substance psychoactive, lui permet sereinement d’apprécier la conversation, sans avoir à intervenir sous le coup d’une pulsion ayant tendance à protéger son moi d’une phrase suspectée de lui porter atteinte.

- « Ta mère la pute ! Deux mille euros ? » S’exclame-t-elle rêveuse…

- « Oui et encore, c’est le minimum. Quand elle a envie d’avoir plus de fric, elle s’arrange avec son emploi du temps et relance ses annonces sur internet. Elle a deux téléphones. Un pour un usage courant et le deuxième pour les affaires. Si elle est pas dispo, elle le coupe et ne répond aux messages que des réguliers. Les autres ils se démerdent. »

- « Elle fait ça où tu as dit? » Demande Lydia.

- « Au début à l’hôtel que le client devait payer en plus de la prestation. Maintenant, elle s’arrange quand sa coloc est absente pour recevoir ses réguliers. Rarement elle se déplace chez les types. À oui, avant de débuter, elle avait rencontrée une femme, une vielle de 50 ans, qui avait accepté de la rencarder sur la domination. Il paraît qu’elle était super sympa. Elle lui avait expliqué qu’avec l’âge, elle souhaitait plus trop se faire sauter. Elle avait remarqué que les types lui demandaient souvent de faire des trucs avec ses pieds. Petit à petit elle s’est spécialisée dans le fétichisme des pieds. Elle a toute une panoplie de bas, collants et chaussures qu’elle utilise en fonction de la demande. Elle lui a aussi filé des tuyaux pour d’autres trucs que les hommes aiment particulièrement, comme se faire mettre des doigts dans le trou de balle, ou se faire titiller les seins, se les faire tordre. »

Sophia regarde à travers la fenêtre la fine pluie qui embrume la tour qui se trouve en vis-à-vis. Il lui semble que les deux filles accrochent à son argumentaire, mais il manque quelque chose, un « je-ne-sais-quoi » qui finirait par la convaincre, elle, de sauter le pas, de passer à l’action.

 

29 octobre 2013

Ennui

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... Et commençons par ne rien faire

(emprunté à : http://ameondine.wordpress.com/category/pensees-osees-et-gargarismes-encephaliques/)

17 octobre 2013

Dites, les filles ?

Je vous propose de découvrir une histoire vécue par de (très) jeunes femmes. Elle est à peine romancée. Bien sûr, les prénoms ont été modifiés. Allez, je vous laisse à votre lecture...

 

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- « Dites les filles, il faut que je vous dise un truc. »

 - …

« Et puis non, j’ai rien dit. »

Sofia sort de son sac à main une petite bourse en tissu dans laquelle se trouve de quoi contenter sa dépendance.

 - « Bah pourquoi tu nous parles alors ? » Enchaine Lydia.

 - …

 Une mélodie que les jeunes d’aujourd’hui affectionnent particulièrement emplit l’espace.  Trouver le nom et le titre

 - « Z’y va ! Tu nous racontes ta vie là ! » Intervient Prisca.

 Sofia tire du petit sac une pochette de papier à cigarette, dont elle ôte une feuille, une blague à tabac et un tout petit sachet contenant une substance à l’odeur particulière.

 Elle dépose soigneusement dans la feuille de riz, le tabac mélangé de cannabis. Ses longs doigts harmonisent les fibres séchées. D’une main assurée, elle roule délicatement l’ensemble sans trop serrer et porte à ses lèvres le long et fin cône. Son regard se lève imperceptiblement en direction de Prisca tandis que le bout de sa langue humecte la cigarette à la jointure.

 - « Z’y va ! Fais pas ta crevarde ! Tu la laches l’info ? Zarma ! » Dit Prisca.

Sofia contemple le résultat. L’ensemble lui semble parfait. Elle tasse juste ce qu’il faut le splif et approche du bout le plus large une flamme sortant d’un briquet. Elle aspire goulument le mélange légèrement tiède et amer (chercher description goût cannabis) en basculant légèrement sa tête vers l’arrière. Elle stoppe l’espace d’un instant sa respiration et expulse doucement en serrant ses lèvres, la fumée odorante.

Lydia demande si quelqu’un a soif. Prisca souhaite un coca (trouver une image, une expression pour remplacer la marque) et Sofia la bouche pleine de fumée se contente d’un signe de la tête pour dire non. L’hôtesse revient de la cuisine avec deux canettes en aluminium. Au passage, elle change la fréquence de la station de radio. La publicité ne laisse plus de place à ce qui est susceptible de ressembler à de la musique.

Les « pschitt » des canettes inaugurent le temps de la première gorgé du breuvage au goût si particulier. Cette première gorgée qui, pour Prisca, est la meilleure. C’est celle où la saveur du produit est la plus intense. Elle aime remplir sa bouche de ce liquide et de laisser passer suffisamment de gaz au niveau de son nez (trouver le mot exact relatif à cet endroit entre la gorge et le nez) afin d’éprouver un léger picotement. Alors, elle avale doucement le liquide. La fraicheur lui coule dans la gorge et se fraie un chemin au niveau du sternum. La sensation est à son acmé et c’est à cet instant qu’elle ponctue avec délectation la dégustation d’un rot sonore.

- « Abdullah ! » S’exclame-t-elle, en croisant ses jambes en dessous de ses fesses. Elle se cale sur le canapé en s’appuyant sur l’accoudoir.

- « Sofia fais pas ta pute, dis-nous ! » Insiste-t-elle en tchipan.

Lydia est assise confortablement dans un fauteuil bon marché. Elle aime bien avoir du monde chez elle, enfin, chez sa mère… Depuis que son père est décédé d’un cancer, elle n’aime pas rester trop longtemps seule. Certes, il lui reste sa mère, mais elle travaille avec des amplitudes horaires qui ne facilitent pas les rencontres. Eh oui, faire le ménage dans les bureaux nécessite de rogner sur le quotidien et de faire des sacrifices quant à sa vie familiale et sociale.

Sofia accuse les premières sensations liées au tétrahydrocannabinol, qui titre, pour les puristes, au bas mot les 35%. C’est la plus âgée du groupe avec ses 19 ans. La scolarité pour elle n’est plus qu’un souvenir désagréable. Bien avant la date butoir de l’obligation de recevoir une instruction, elle avait choisi par défaut, le chemin des non-écoliers.

- « Ok, je disais que j’ai rencontré une fille qui m’a parlée d’un moyen de se faire du gen ar (argent) facilement. » Répond-elle en tirant sur le joint tout en plissant les yeux.

Prisca et sa cousine se regardent d’un air interrogateur.

Il faut dire à cet instant du développement, que les trois filles ne comptent pas sur un appui familial en ce qui concerne les finances. Le RSA est principalement la source de revenu des parents, agrémenté d’une aide au logement et de menus agréments liés au désidérata des financeurs, principalement au moment de certaines fêtes. Les villes de la banlieue parisienne où elles sont nées répondent bien au-delà du quota de logements sociaux qu’exige la loi. Grandir dans une cité n’implique pas obligatoirement de verser dans la délinquance. Par contre, cela implique, qu’on le veuille ou non, de développer un savoir-être, qui en fonction de la sensibilité du jeune, l’orientera dans une direction, qu’elle soit bonne ou mauvaise…

Prisca, la benjamine du groupe s’interroge à voix haute :

- « Si c’est pour de la guedro (drogue), je ne marche pas. C’est trop chaud ce truc. »

- « Non, non, c’est pas pour un trafic de drogue. J’vous jure que c’est sans risque. Ma copine elle fait ça depuis bientôt un an et ça lui rapporte bien. »

Lydia aimerait bien arrondir ses fins de mois, dans le sens ou hormis les revenus d’un contrat d’apprentissage en vue de l’obtention d’un CAP d’esthéticienne et les maigres pourboires du salon où elle travaille, ses 270€ mensuels tombent dans l’escarcelle de sa mère qui les utilise pour faire bouillir la marmite. Le dealer chez qui elle se fournit pratique des prix assez intéressants, mais ils restent suffisamment élevés en regard de la grande consommation de substance additionnée au prix du tabac qui lui va crescendo.

- « Raconte-nous ! C’est quoi son truc ? » Interroge-t-elle.

- « Et bien voilà. Il y a deux ans, une de ses potes habitant à (trouver le nom d’une citée) lui explique qu’elle faisait des séances de domination. Son truc est vachement bien structuré. Elle s’est fixé des règles auxquelles elle se tient. Elle refuse les rapports sexuels et n’accepte que des hommes de plus de quarante ans. » Raconte Sofia tout en écrasant l’infime bout de joint dans le cendrier.

Prisca qui vient à peine d’inaugurer ses seize ans n’a pas une grande idée de ce qu’est le sadomasochisme. Pour tout dire, elle n’a pas d’idée du tout, peut-être et encore, qu’une personne tape sur une autre personne et que tout le monde y trouve une certaine satisfaction… Elle, sa satisfaction, elle l’a trouve en se caressant le soir dans son lit.

- « Quoi ! Tu nous proposes de faire la pute ? Tu m’as regardé, j’ai l’air d’une pute ? C’est chaud ton idée ! » S’offusque-t-elle.

- « Mais non t’as pas l’air d’une tepu (pute). Ma copine non plus. Tu la verrais, tu ne penserais même pas à ce qu’elle fait de temps en temps, quand elle a envie. Je voulais simplement vous parler de son expérience parce que je vous aime bien et que vous galérez comme moi dans vos putains de téci (citée). Moi aussi j’aimerai m’acheter des fringues, du maquillage de bonne qualité, d’aller chez le coiffeur, d’avoir le dernier téléphone à la mode. »

- « Houai, mais c’est faire la pute quand même. » Enchérit Prisca, indignée qu’une de ses meilleures copines pense à elle pour une telle activité.

- « Attend, je vais vous expliquer comment elle s’y prend. » Tente Sophia.

- « Oui, raconte-nous comment elle fait. De toute façon, on n’a rien d’autre à faire. Tiens, Prisca tu me fais un chichon ? Tu sais si bien les rouler ! » Commente Lydia du fond de son fauteuil.

 

À suivre...

 

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13 octobre 2013

Coup de sang

 

Unknown

 

Comme me le dis souvent mon hématologue :

 

«La chance c’est une question de veine. »

 

(D’après une phrase de Pierre Dac)

15 septembre 2013

De nouvelles connexions pour l’amour

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Avec Élise, j’ai découvert avec émerveillement le MuCEM (Musée des Civilisations de l’Europe et de la Méditerranée) écrin cubique au mur de dentelle de béton noir se détachant sur un ciel d’azur et une mer turquoise. Œuvre d’art à lui seul, ce musée nous a bouleversé de par le sentiment esthétique qui s’en dégage.

C’est au bazar du genre, un espace dédié à l’évocation des nouvelles aspirations des individus dans le choix de leur sexualité, de leur conjoint, de leur mode de vie et pourquoi pas de leur genre… que nous nous sommes arrêté sur les nouveaux moyens de communication qui débouchent sur la mise en relation des individus… de tout genre.

Je me souviens alors en découvrant l’exposition, d’une période de ma vie, d’il y a bientôt trente ans (ouah, que le temps passe vite), où le soir en sortant du travail, je me dépêchais de rentrer chez moi, afin de retrouver un appareil qui, jusque-là, ne me servait pas à grand-chose. Je m’explique. Après avoir garé ma voiture au sous-sol, je faisais une halte au rez-de-chaussée afin de relever l’éventuel courrier qui m’y attendait. Parmi les divers prospectus se trouvait un hebdomadaire en papier journal de mauvaise qualité où se mélangeaient des offres et des demandes diverses et variées. Une fois installé confortablement dans mon canapé, j’entrepris une lecture somme toute en diagonale de cette feuille de chou. Ayant le statut de célibataire, je marquais une attention particulière aux propositions de la gent féminine en quête du prince charmant. Une courte annonce perdue au milieu des caractères d’imprimerie attira mon attention. Je ne me souviens plus exactement de l’intitulé, mais pour vous donner une idée elle vantait, en une ou deux micros lignes, la possibilité de mettre en relation des individus éprouvant le besoin de faire entendre leurs desiderata. Un simple numéro sans surtaxe était affiché. De nature curieuse, je le composais. Des hommes envoyaient des messages plus ou moins explicites. Il était devenu une règle de présenter son prénom suivi de son numéro de téléphone très rapidement dans l’embouteillage des demandes qui saturaient la ligne. Au bout de trois ou quatre minutes, la communication se coupait d’elle-même (la plate-forme n’autorisant qu’une quinzaine de participants). Il fallait, surtout à certaines heures (particulièrement en début de soirée), s’armer de patience pour avoir la chance de « remonter » et de pouvoir de nouveau lancer son « Patroc appelle! »

Une voix féminine se risquait de temps à autre à s’immiscer dans le flot continu des demandes. En fonction des individus présents, la conversation pouvait prendre une tournure bonne enfant. Mais il ne fallait pas se méprendre, la rencontre était l’objectif premier des participants du genre masculin. L’hypocrisie des propos tenus frisait le surréalisme.

Le genre féminin se contentait le plus souvent d’une écoute attentive très discrète. Si une voix masculine inspirait une auditrice, celle-ci attendait patiemment que la communication se coupe, pour effectuer le numéro de l’élu du moment.

Avec le temps, je me forgeais une certaine expérience en écoutant le vocabulaire utilisé, l’intonation des voix, le rythme des demandes. Je compris qu’il fallait entre deux appels, laisser le combiné posé sur son socle un certain moment. Bien m’en a pris d’avoir compris cela, car la sonnette, ô combien désagréable de l’appareil à cadran, se mit à retentir. Je ne me souviens plus du contenu de cette première fois, mais j’étais flatté qu’une femme ait choisi ma voix parmi les dizaines qui s’exprimaient sur le réseau. C’était comme cela que les utilisateurs appelaient cette sorte de plateforme qui était issue, selon l’explication d’un grand nombre de ces derniers, de l’horloge parlante ! La rumeur – puisque je n’ai pas de preuve – qui circulait, disait qu’à une certaine heure, lorsque les personnes souhaitaient connaître l’heure par le biais de l’horloge parlante, pouvaient converser entre elles, pendant que l’automate égrainait le temps qui filait. France Télécom aurait au bout d’un certain temps, mis un terme à cette pratique tout en mettant à disposition un numéro de téléphone permettant au public de se rejoindre.

Un peu comme une drogue, je m’enfermais dans la pratique quotidienne de l’appel téléphonique.

J’ai découvert un soir ce qu’était l’amour par le biais du téléphone. Une charmante voix féminine m’a emmené vers cette contrée de l’amour presque virtuel avec une inconnue. Elle semblait sincère et je le sus plus tard, elle l’était. Étrange sensation que de pouvoir, simplement par l’écoute d’une parfaite inconnue, doucement glisser vers l’imaginaire en prenant soin de ses attentes par un jeu de questions/réponses la conduisant doucement vers la jouissance qui ne manquait pas de déclencher la mienne. Quelque temps plus tard, j’ai pu mettre un visage sur cette voix. Au cours d’une conversation plus ordinaire, je lui ai proposé de l’inviter dans un restaurant. Répondant par l’affirmative, nous avons fixé un lieu de rendez-vous. Mon imagination marchait à plein rendement. Comment allait-elle être physiquement ? Que recherchait-elle réellement ? Y avait-il un piège (mon petit côté parano) ? Au numéro de la rue indiqué, ce trouvait une très belle femme. Mon trouble était si fort que j’ai failli lui dire bonjour madame lorsque je l’ai abordé (elle avait les traits et le physique de Mireille Darc). Le souffle coupé, j’ai tenté de ne pas faire remarquer mon émoi. Nous avons diné et je l’ai raccompagné à son domicile (qui était celui de son frère). Elle avait bu plus que de raison. L’envie d’avoir une aventure sexuelle avec cette charmante personne (qui avait une bonne dizaine d’années de plus que moi) me taraudait l’esprit, mais je ne souhaitais pas abuser de cette situation si particulière pour arriver à atteindre cet objectif (et oui, je sais, il m’arrive d’être un garçon bien).

Le lendemain, je m’enquérais de son état de santé. C’est son frère qui me répondait. Il était très étonné qu’un célèbre inconnu prenne des nouvelles de sa sœur, les autres hommes s’en fichaient éperdument. Brièvement, il m’expliqua que sa sœur effectuait des rencontres et qu’à cette occasion, elle buvait beaucoup, ce qui n’était pas compatible avec le traitement qu’elle prenait. Véritablement inquiet, je lui demandais de bien vouloir lui rapporter mon appel. Ce qu’il fit apparemment, puisque la belle a souhaité, touchée par mon attention, me revoir. Nous avons passé un week-end à Honfleur. Nous avons commencé à construire une petite relation, qui n’alla pas bien loin. Ses désirs ne correspondaient pas aux miens… L’établissement d’une vie de couple n’était absolument pas dans mon projet de vie. Ayant mis (approximativement) deux années à me remettre d’une séparation, je me mettais et je n’ai pas honte de l’écrire, de nouveau en route vers des rencontres en tout genre avec des personnes du sexe opposé au miens. Retrouver ce plaisir qui m’avait tant fait défaut était mon credo du moment. Je vous fais l’économie de la dizaine (centaines pour être honnête) de conversations téléphoniques et des milliers de francs de factures qui venaient assombrir l’éclaircie libidineuse qui emplissait ma vie d’alors.

Il n’y avait pas que du bonheur dans cette aventure. Nombreuses étaient les jeunes femmes qui étaient prêtes à coucher avec le premier venu pour combler une solitude trop forte à supporter. Je me souviens d’une conversation avec une très jeune femme qui m’avait ému. Elle avait « balancée » son numéro de téléphone sur le réseau. En agissant de la sorte, elle était certaine de recevoir un appel dans la seconde. Et ce fut moi l’heureux élu, enfin, heureux d’avoir au bout du fil une voix féminine. Cette satisfaction fut éphémère. Sa demande se faisait pressante. Elle voulait me rencontrer le soir même. Pourquoi pas, mais des indices me laissaient croire que son empressement à me rencontrer n’était pas simplement lié à une libido en ébullition. J’entendais dans le combiné, des personnes qui l’empressaient de raccrocher. J’orientais alors mes questions sur le lieu de son appel. Gênée, elle restait évasive, jusqu’au moment ou une autre voix féminine lui enjoignait de laisser la cabine téléphonique libre. Nous convenons qu’elle me rappelle plus tard. Ce qu’elle fit. Cette personne était prête à tout pour se sortir de sa condition. Sans travail, elle était prise en charge dans un centre d’hébergement. Elle ne supportait plus cet endroit. Elle me fit une courte description de sa personne qui m’a semblé sincère. Mignonne, c’est comme cela qu’elle se qualifiait, mais atteinte dès son plus jeune âge d’une poliomyélite qui a déformé à tout jamais sa démarche. Elle me suppliait de venir la chercher et qu’elle serait prête alors à se soumettre à tous mes désirs… Je dois vous avouer mon embarras d’alors. Bien sûr, il n’était pas question de profiter de cette jeune femme, mais comment lui venir en aide ? Et le pouvais-je ? J’ai repoussé sa proposition de rencontre immédiate en lui promettant de faire sa connaissance plus tard, le temps de réfléchir sur le moyen de la sortir de cette mauvaise passe. Elle a beaucoup pleuré et les mêmes voix lui ont intimé l’ordre de se taire et d’aller dans sa chambre. Je n’ai jamais eu de ses nouvelles.

 

La solitude et le trouble psychique étaient pour beaucoup le quotidien de l’existence des discrètes auditrices.

 

-   «  Patroc, tu me donnes ton numéro ? » me demande une voix adorablement fluette agrémentée d’un léger cheveu sur la langue.

 

Une longue, très longue conversation s’en est suivie qui a eu raison de la batterie de mon téléphone sans fil (je me suis équipé avec le temps). Le soir suivant et le suivant et encore le suivant nous continuions de nous raconter. Enfin, nous avons convenu d’un endroit pour mettre un visage sur nos longues conversations. C’est au cours d’un diner et en présence de sa sœur (ça casse un peu le côté romantique) que j’ai fait la connaissance de cette illustre inconnue répondant au doux prénom d’Élise. Plus jeune que moi d’une petite sizaine d’années, sa très fine physionomie, son apparente gentillesse et puis une rafraichissante naïveté m’ont fait pencher la tête sur le côté, un peu comme un oiseau ou un chien.

Quelque chose était entrain de se passer au plus profond de mon agencement atomique…

 

C’était il y a vingt-quatre ans. Vingt-quatre années de bonheur nous séparent aujourd’hui du premier appel.

 

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Internet et les Smartphones n’existaient pas alors. Ce réseau fût progressivement envahit par un public très désagréable qui a désagrégé ce type de lien social (avec comme nous l’avons lu précédemment ses avantages et ses inconvénients). Ces jeunes garçons enfermés dans un style de vie bien étroit avec ses codes et son vocabulaire ne dépassant pas les trois cent mots, ont eu vite raison de ce moyen de communication.

 

À la lecture de ce récit, ne serions-nous pas tenté de croire que le bonheur peut-être aussi simple qu’un coup de fil… n’est-il pas ?

 

 

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5 septembre 2013

Just Kids

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 Folio N° 5438, 2010, 374 pages

Je vous invite à découvrir deux parcours de vie qui, après réflexion, ont contribué à affiner l’idée que je me fais des mots « artiste » et « amour ».

Ce qui m’a poussé à prendre d’un geste affirmé le livre qui attendait bien sagement rangé dans un rayon d’une grande surface, c’est la signature de l’auteure : Patti Smith.

Je n’ai pas eu, à vrai dire, le goût de l’idolâtrie pour qui que ce soit jusqu’à aujourd’hui, mais cette jeune femme m’avait, comme un certain nombre d’artistes de cette époque (années 1970), tout de suite séduite.

Une affinité d’esprit, de genre, de poésie – une énergie spirituelle - c’est installé durablement entre cette femme et moi. Je ne connaissais rien d’elle et je gardais à ma mémoire, ces images qui illustraient les pochettes de ses disques.

Bien m’en a pris d’avoir passé devant le scanner de la caisse automatique l’ouvrage tatoué d’un code-barre. Je fus, dès la lecture des premières lignes, transporté dans un univers américain d’il y a plus de quarante ans. J’ai, au fil de l’histoire, de la sienne et de celle de Robert Mapplethore, approché au plus près de la définition du mot artiste ou en d’autres termes, de ce qui habite l’être dès sa naissance et qui, pour peu que l’on n’en contrarie pas son développement, germe doucement à la chaleur du terreau de l’existence. Il en est de même pour ce qui a porté cette artiste et son compagnon Robert, à donner un coup de projecteur sur cette manière d’être traversé par un « je-ne-sais-quoi » qui les a unis dans leur aventure terrestre si particulière.

 

Quatrième de couverture

C'était l'été de la mort de Coltrane, l'été de l'amour et des émeutes, quand une rencontre fortuite à Brooklyn guida deux jeunes gens dans la vie de bohème, sur la voie de l'art. Patti Smith et Robert Mapplethorpe avaient vingt ans; elle deviendrait poète et performeuse, il serait photographe. À cette époque d'intense créativité, les univers de la poésie, du rock and roll et du sexe s'entrechoquent. Le couple fréquente la cour d'Andy Warhol, intègre au Chelsea Hotel une communauté d'artistes et de marginaux hauts en couleur, croise Allen Ginsberg, Janis Joplin, Lou Reed...

Just Kids commence comme une histoire d'amour et finit comme une élégie, brossant un inoubliable instantané du New York des années 1960-1970. Avec pudeur et émotion. Patti Smith retrace l'ascension de deux gamins inséparables qui insulflèrent à leur vie la même énergie qu'à leur art.

2 septembre 2013

La différence entre la pornographie et la vie réelle

Je vous propose de regarder cette petite vidéo qui explique sous une forme ludique cette différence en faisant un détour par l'alimentaire...

 

28 août 2013

Le retour

Cul En Feu

 

Voilà, c'est fini...  Je parle des vacances. Enfin, pour le moment. Comme vous pouvez vous en appercevoir, nous pétons le feu ! En fait, pas trop envie de travailler - même pas du tout envie. Ras le bol de "gagner sa vie" pour les banques, en y perdant la sienne. Marre d'entendre les mêmes inépties mortifères des collègues de travail, etc.

Il faut absolument que nous trouvions autre chose afin de poursuivre notre éphémère existence dans un état d'esprit ouvert sur la vie !

Allez, bonne rentrée !

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